La controverse : enjeux scientifiques, enjeux de société

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invités surprise à l’université d’été

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En quoi le numérique, le Web conduisent ils à interroger le concept de controverse ? Quel impact sur la construction des connaissances ?

Alexandre Monnin est docteur en philosophie de l’Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne (2013) après avoir consacré sa thèse à la philosophie du Web, chercheur associé chez Inria où il a co-initié le projet SemanticPedia (Ministère de la Culture, Inria, Wikimedia France) incluant le DBpedia francophone et membre du collège d’experts Open Data d’EtaLab depuis mai 2013. Egalement chercheur associé au Cnam, il est l’organisateur du groupe « Les rencontres du Web de données » qui réunit plus de 450 membres, co-chair du Community Group « Philosophy of the Web » au W3C et anciennement Responsable Recherche Web et Métadonnées à l’IRI du Centre Pompidou de 2010 à 2013. Alexandre Monnin est actuellement chercheur invité post-doctoral (Fellow) à l’université du Bauhaus à Weimar où il participe à plusieurs ateliers autour d’Antoine Hennion et Bruno Latour.

Article de Alexandre MONNIN, magazine Causes toujours n° 26 du Gsara, p.33

http://issuu.com/gsara.asbl/docs/causes_toujours_26

NIMBY or not NIMBY ? Critique géographique d’un concept ubiquiste – Romain Garcier

NIMBY or not NIMBY ? Critique géographique d’un concept ubiquiste

Romain Garcier est maître de conférences à l’Ecole normale supérieure de Lyon, où il occupe la chaire d’excellence Espaces et risques technologiques émergents. Coordinateur au sein du groupe de travail Nucléaire/Sciences humaines et sociales du Centre national de recherche scientifique (CNRS), il travaille sur la géographie du nucléaire et particulièrement, sur la circulation des matières dans l’industrie et les déchets de faible activité.

Résumé: Dans les controverses portant sur des projets d’aménagement, le qualificatif de « NIMBY » (not in my backyard) est souvent utilisé pour disqualifier des positions adverses, au motif qu’elles répondraient à des motivations strictement égoïstes, au mépris de l’intérêt général mais aussi, de la science elle-même. La grande popularité du concept de NIMBY (comme celle du concept d’ « acceptabilité sociale ») est en soi intéressante, parce qu’elle fait d’intérêts étroits et localisés le moteur de l’action sociale et des prises de positions politiques. Or, les recherches géographiques récentes invitent à relativiser, sinon disqualifier, la pertinence du concept pour comprendre ce qui se joue à l’échelle locale : bien souvent, l’opposition locale ne prend pas sa source dans une hostilité à la science, à la technique ou à leurs productions objectives (aéroports, installations techniques, etc.), mais dans la manière dont ces objets et ces pratiques sont présentées aux sociétés locales, jugée représentative d’une forme d’impérialisme antidémocratique. En prenant l’exemple des oppositions répétées à la création de sites de stockage de déchets nucléaires de faible activité en France, en Grande-Bretagne et aux USA depuis les années 1980, cette présentation cherchera à nuancer notre compréhension de l’opposition de la « société civile » aux objets et installations techniques en montrant que ce qui se joue n’est ni une méfiance envers la science et la technique, ni l’expression d’un égoïsme des favorisés.

Bibliographie:

Garcier (R.), “The nuclear ‘renaissance’ and the geography of the uranium fuel cycle”, Geography, 94/3, 2009, 198-206.

Garcier (R.), « One cycle to bind them all ? Geographies of nuclearity in the uranium fuel cycle”, pp. 76-95 in C Alexander et J Reno, Recycling Economies, London, Zed Books, 2012.

Le relativisme, le positivisme et le réalisme dans les controverses – Jean-Michel Besnier

Le relativisme, le positivisme et le réalisme dans les controverses

Jean-Michel Besnier est professeur de philosophie à l’université Paris-Sorbonne (Paris IV) et chercheur au Centre de recherches en épistémologie appliquée (CREA, UMR CNRS et Ecole Polytechnique). Membre du comité d’éthique du CNRS (jusqu’en juin 2011), il siège actuellement au conseil scientifique de l’IHEST. Il a été directeur scientifique du secteur Sciences et Société du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche (jusqu’en avril 2011). Il dirige la collection Mélétè aux éditions Le Pommier. Ses recherches actuelles concernent essentiellement l’impact philosophique et éthique des sciences et des techniques sur les représentations et les imaginaires individuels et collectifs.

Parmi ses récentes publications :
Jean-Michel Besnier,  L’homme simplifié. Le syndrome de la touche étoile, Fayard 2012
Jean-Michel Besnier, Demain les posthumains. Le futur a-t-il encore besoin de nous ? Fayard 2010 et Pluriel 2012
Jean-Michel Besnier, Les théories de la connaissance, PUF, Coll. Que sais-je ?, 2011
E. Hirsch, J.-M. Besnier et J.-F. Thery, Ethique et recherche : Un dialogue à construire, Quae, coll. Sciences en question, 2011

Résumé: La question de la controverse est relativement neuve dans le paysage culturel. Jusqu’à présent, lorsqu’on parlait de controverse, on évoquait immanquablement celle de Valladolid, controverse très marquée par l’Eglise. Si la controverse devient aujourd’hui une affaire relevant du champ scientifique et technique, c’est sans doute pour deux raisons corrélatives. La première est un certain refus du positivisme. Celui-ci avait accrédité l’idée que la raison était toute puissante. Comme celle-ci était portée par la science, le positivisme excluait la mise en discussion des résultats scientifiques, au profit de l’argument d’autorité. Le refus du positivisme est marqué par l’avènement d’un certain nombre de sciences qui ont bouleversé le paysage, comme la mécanique quantique.

La deuxième raison, ce sont les tentations relativistes, conséquences du refus du positivisme. L’idée que la science occidentale est le dernier mot est de plus en plus remise en question. L’universalisme associé à la science n’est plus une évidence. Certains sociologues se sont ainsi attachés à montrer que la science était avant tout un produit socio-historique, et que, dans ces conditions, l’argumentation devait y régner. Un tel point de vue a ébranlé une certaine conception de la science qui excluait jusqu’à présent la controverse.

La controverse est donc au cœur du développement scientifique et technique au moins pour ces deux raisons, le refus du positivisme et l’avènement d’une tentation relativiste.

Droit et controverse : le rôle de l’expertise – Laurent Neyret

Droit et controverse : le rôle de l’expertise 

Laurent Neyret est agrégé en droit privé et sciences criminelles, professeur à l’université d’Artois. Ses recherches portent sur les grands défis du droit de la responsabilité, plus particulièrement dans le domaine de la responsabilité environnementale, de la responsabilité médicale et de la bioéthique. Dans le domaine de la responsabilité civile en général, Laurent Neyret étudie la transformation des conditions et des effets de cette matière, eu égard aux évolutions sociales du vingt-et-unième siècle (Quelle responsabilité juridique envers les générations futures ?, J.-P. Markus (dir.), Dalloz, 2012, p. 261). En droit de la responsabilité environnementale, il défend le concept de réparation du préjudice écologique (Atteintes au vivant et responsabilité civile, L.G.D.J., 2006), et a codirigé un groupe de travail à l’origine d’une proposition de nomenclature des préjudices environnementaux (Lextenso, 2012). Au pénal, il propose la création d’un crime d’écocide afin de sanctionner les comportements les plus gravement attentatoires à l’environnement (Que sais-je ?, Crime contre l’humanité, 2009). Dans le domaine de la responsabilité médicale, il travaille sur la réparation des dommages causés par certains produits de santé.

Résumé: Nucléaire, OGM, ondes électromagnétiques, nanoparticules, gaz de schiste, clonage, mères porteuses, voilà autant de questions débattues, de questions porteuses de controverses. Pour le droit qui est la sphère habituelle du raisonnement binaire entre le juste et l’injuste, le vrai et le faux, la controverse de l’ordre du raisonnement pluriel est un objet perturbateur qu’il peut appréhender d’une double manière. Soit le droit ignore la controverse, et l’on se trouve alors face à un véritable déni de justice. Soit le droit intègre la controverse, et fait œuvre de justice en dépit d’un savoir discuté. Finalement, c’est la seconde orientation qui s’impose. Et d’ailleurs, on en appelle de plus en plus au droit pour arbitrer les controverses. Pour intervenir, le droit a besoin d’un tiers médiateur – l’expert – qui va faire un état des lieux de ce qui est objet de débat, afin ensuite que le juriste en tire ce qui relève de la norme acceptable. Reste que le champ de l’expert ne doit pas empiéter par trop sur le champ du décideur, pour éviter d’aboutir à un véritable gouvernement des experts. Reste aussi que l’expert sachant doit revêtir toutes les qualités d’objectivité et d’impartialité dans la mesure où son savoir va donner lieu à une prise de position normative. Tel est l’objet de la récente loi du 16 avril 2013 relative à l’indépendance de l’expertise en matière de santé et d’environnement. La prise en compte de la controverse par le droit peut prendre plusieurs formes, allant de l’interdiction à l’autorisation d’une pratique en passant par le respect de conditions d’exercice, étant précisé que ces différents états peuvent varier dans le temps et dans l’espace, pour une même pratique. Ce qui hier était interdit, comme les expérimentations sur les embryons, est devenu autorisé à titre exceptionnel. Ce qui là-bas est autorisé, comme le recours au mère porteuse, est interdit ici. En conséquence, la controverse a à voir avec la mise en ordre juridique du pluralisme d’idées ce qui participe d’une complexification du discours juridique convoqué alors pour intégrer le débat et le doute comme nouveaux paradigmes.

Des sciences au débat public : retour sur une migration conceptuelle – Mathias Girel

Des sciences au débat public : retour sur une migration conceptuelle

Mathias Girel est philosophe, maître de conférences à l’Ecole normale supérieure de Paris. Il mène des recherches sur le pragmatisme et la philosophie américaine, ainsi que sur diverses thématiques de philosophie des sciences, engageant les questions du doute provoqué, de l’ignorance instrumentalisée et du secret. Traducteur de William James (Essais d’empirisme radical) et de Stanley Cavell (Philosophie des salles obscures), il est l’auteur de publications sur James, Peirce, Emerson et Dewey.

 

Résumé : Si la notion de controverse est utilisée en philosophie des sciences de longue date (dès le XIXe siècle (Whewell, 1858)), elle est devenue incontournable à la fois pour rendre compte de l’activité même de recherche ainsi que pour présenter, en contexte pédagogique, la dynamique scientifique. Certaines « disputes » célèbres ont fait l’objet de récits très documentés (p. ex (Shapin et Schaffer, 2011)), et l’on a aussi une riche typologie de controverses, allant des querelles de priorité aux controverses sur les applications, les interprétations, la réplicabilité des expérimentations et, de manière fondamentale, sur le cœur théorique même de certaines sciences (Cf. (Pestre, 2011)). Depuis une trentaine d’années la notion de controverse semble ainsi être devenue centrale pour approcher les découvertes scientifiques, non seulement du point de vue pédagogique, pour permettre leur enseignement, mais aussi pour décrire la dynamique même de la science ((Callon, 1981), (Pestre, 2007)). Or, l’idée d’une centralité des controverses n’est plus seulement un concept « savant », académique, elle est largement rentrée dans le débat public sur les sciences. Dans cette présentation, nous reviendrons sur ce passage des sciences humaines vers le débat public. Par ailleurs, passant dans le débat public, les controverses ont-elles changé d’objet ? Que penser de l’idée selon laquelle on serait passé de controverses locales, dans les années 1970 et 1980, au moment où la notion a pris sa consistance dans les travaux de sociologie des sciences, à des controverses globales, pour lesquelles de nouveaux outils conceptuels restent à forger? ((Barthe et Linhardt, 2009)). L’exemple du réchauffement climatique semble offrir un tel exemple ; les débats autour de l’EPA dans les années 1990 semblent, eux, conforter l’idée d’un passage net d’une controverse sur les résultats ou les expérimentations à une controverse sur la nature même de la bonne science (sound science, cf. (Michaels, 2008)).

Dire qu’un sujet est controversé, c’est aussi dire qu’il n’y a pas de consensus établi, qu’il s’agisse de la méthode à adopter, des résultats obtenus ou des conséquences qu’il conviendrait de tirer de ces résultats. En ce domaine, dire c’est faire, le simple fait de déclarer un sujet qu’il est controversé a des effets sur le débat public et est une manière souvent puissante de relativiser le consensus sur un point donné. Une controverse n’est pas seulement un débat ou un désaccord entre deux savants. Il semble que pour qu’il y ait controverse, il faille au minimum deux approches exclusives d’un même problème ou d’un même champ, que ce désaccord porte sur un point central ou au moins stratégique de la science en question et qu’une communauté plus large que les deux chercheurs soit prise à témoin ((Lemieux, 2007)). Cette communauté, dont l’autorité est sollicitée, peut être celle des spécialistes de la question (les « pairs »), mais aussi, de plus en plus, des ensembles plus larges, qu’il s’agisse d’institutions (les académies par exemple) ou même du public dans son ensemble. De ce dernier point de vue, l’identification de cette sphère dépassant les parties en présence et qui joue le rôle d’arbitre paraît essentielle pour bien comprendre les controverses les plus marquantes actuellement : s’agit-il des mêmes communautés pour le climat, pour certaines publications récentes sur les OGM?

Bibliographie:

Barthe (Y.), Linhardt (D.), « L’expérimentation : un autre agir politique », Cahiers du CSI, 2009.

Callon (M.), « Pour une sociologie des controverses technologiques », Fundamenta Scientiae. 1981. Vol. 2, n°3/4, p. 381–399.

http://meidosem.com/work/articles/callon1981.pdf

Chateauraynaud (F.), Argumenter dans un champ de forces. Essai de balistique sociologique, Paris : Petra, 2011.

Graff (G.), Beyond the Culture Wars: W. W. Norton & Company, 1993. 1 p.

Latour (B.), « Nous construisons des outils pour évaluer les controverses », La Recherche. 2011.

http://www.larecherche.fr/idees/entretien-du-mois/nous-construisons-outils-evaluer-controverses-01-10-2011-72624

Lemieux (C.), « À quoi sert l’analyse des controverses ? ». Mil neuf cent, 1 juin 2007, Vol. n° 25, n°1, p. 191–212.

Michaels (D.), Doubt is Their Product: How Industry’s Assault on Science Threatens Your Health : Oxford University Press, USA, 2008. 1 p.

Oreskes (N.), Conway (E.), M. Merchants of Doubt : Bloomsbury Press, 2010. 1 p.

Pestre (D.), « Des sciences, des techniques et de l’ordre démocratique et participatif », Participations. 2011.

Pestre (D.), « L’analyse de controverses dans l’étude des sciences depuis trente ans », Mil neuf cent. 2007.

Shapin (S.), Schaffer (S.), Leviathan and the Air-Pump: Princeton University Press, rééd. 2011.

Whewell (W.), Novum Organum Renovatum, Londres, Parker, 1858.

Textes de référence :

Article « Controverses », par D. Pestre, dans le Dictionnaire d’histoire et de philosophie des sciences, de D. Lecourt, Quadrige, 2006.

Protégé : Confinement, déconfinement, reconfinement : la logique des controverses – Cyril LEMIEUX

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Incertitudes et Démocratie

Inscrite à  l’Université européenne d’été La controverse: enjeux scientifiques, enjeux de société, j’aimerais vous signaler l’existence d’un blog intitulé  » Incertitudes et Démocratie »  paru le site du journal le « Monde » portant sur les thèmes que nous allons aborder lors des différentes sessions.

En effet une série d’articles sur l’expertise , risque individuel ou risque collectif, pourquoi tant d’affrontements autour des risques et de leurs incertitudes?, qu’est ce qu’un risque acceptable ? ( 2 textes sur ce sujet ),  complot ou consensus ont été publiés tout récemment (début juin) et ont fait l’objet de nombreux commentaires d’internautes.

Bien cordialement

Inscriptions

Des places sont encore disponibles appeler d’urgence Christelle Tallon 01 55 55 87 66 – christelle.tallon@ihest.fr