La controverse : enjeux scientifiques, enjeux de société

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La lettre numéro 2

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Apprendre à traiter les arguments comme des objets théoriques

Serge TISSERON, psychiatre et psychanalyste,
directeur de recherches, université Paris-Ouest

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TisseronPour Serge Tisseron il n’existe pas de digital natives qui sauraient se servir d’internet parce qu’ils seraient né avec ! Si internet est un formidable moyen de discussions et d’échanges qui met à notre disposition un très grand nombre de connaissances, c’est aussi un lieu piégé, une machine qui génère des inquiétudes à un niveau jamais atteint auparavant. De grandes formes d’angoisse sont en effet majorées par Internet : angoisse d’abandon, angoisse d’envahissement, angoisse de morcellement, angoisse de persécution.
A cause de ces inquiétudes et de l’exacerbation de ces angoisses, internet devient bien souvent un instrument de renforcement des convictions intimes de ses utilisateurs qui y recherchent principalement des gens partageant les mêmes croyances.
A cela s’ajoute l’absence de face à face, l’absence d’indices socio-régulateurs (anonymat) et des groupes très ouverts ou chacun peut parler en même temps qui occasionnent sur internet des conflits verbaux fréquents et violents : les flame wars (to flame = injurier, insulter).
Les occasions de tels conflits  concernent les identités individuelles, les appartenances politiques, religieuses ou culturelles, les tensions sociales entre groupes.
Les tribunes pour et contre les méthodes psychanalytiques en matière d’autisme fournissent des exemples de conflits flamboyants qui ne représentent en rien l’image réelle du débat scientifique sur le sujet.
Les tentatives de réguler les groupes, les modérations, l’ouverture de la discussion ne permettent guère d’améliorer la situation.  Serge Tisseron suggère donc d’aborder le problème en amont et de préparer les enfants à la culture d’internet en organisant des débats et controverses dès l’école primaire et au collège. Ces débats et ces controverses peuvent prendre deux formes très différentes : avant l’adolescence ça peut être des élèves ou groupes d’élèves qui défendent des points de vue différents. A l’adolescence, il pourrait être intéressant d’introduire ce qu’Aristote appelait dissoï-logoï c’est-à-dire le fait de s’entraîner à défendre alternativement deux points de vue contradictoires. L’objectif, apprendre à traiter les arguments comme des objets théoriques : « ce qui vaut c’est la logique qui permet d’enchaîner les arguments ».


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